• Published 18th Feb 2020
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RoMS' Extravaganza - RoMS



A compendium of various blabberings, abandoned projects, and short stories.

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Jun. 2015 - Fallout:Equestria (French Translation Test)

Fallout : Equestria

Ecrit par Kkat

Traduit par RealmOfMereShadows

Ce roman est avant tout un travail de fiction et toutes ressemblances avec la réalité, qu’elles s’agissent de personnes, localisations et évènements, sont purement fortuites.

« My Little Pony : Friendship is Magic » est une marque déposée par Hasbro Inc, basée aux Etats-Unis, et tous dérivés font partis de la propriété intellectuelle de l’entreprise.

« Fallout » est une marque déposée par Bethesda Softworks LLC, basée aux Etats-Unis, et tous dérivés font partis de la propriété intellectuelle de l’entreprise.

« Fallout : Equestria » est un pur travail de passionnés à but non-lucratif et dont l’objectif premier est de partager l’amour et l’engouement pour le dessin animé et la communauté qui a su en fleurir.

Notes du traducteur :

« Bonjour à vous tous, lecteurs,

Je ne prétends pas être une brute de la langue française ni être un démon majeur de la langue shakespearienne. Toutefois je suis animé par un amour profond envers le travail littéraire de Kkat et pour la communauté qui en a découlé. Si mon travail contient des erreurs et anglicismes qui me vaudraient le bûcher sous le porche de l’Académie Française faîte-le moi savoir.

J’espère que vous apprécierai ce travail de longue haleine et que vous saurez partager ce petit bout de vie avec vos connaissances et amis.

RoMS »

Introduction

Il était une fois dans le royaume magique d’Equestria…

Vint une époque où les idéaux enfantés par l’amitié prirent fin. L’avarice, l’égoïsme et la paranoïa firent leur nid. La jalousie engendra une lutte acharnée pour des terres et ressources naturelles toujours plus rare. Les pays entrèrent en guerre avec leurs voisins et la fin des temps se produisit presque comme attendu. Le monde s’enfonça dans l’abîme, dévoré par la magie noire et le feu funèbre. Les détails n’ont plus aucune importance et les raisons qui nous menèrent dans le précipice ne furent que les nôtres, comme toujours. Forgée par des sabots équins, une étincelle échappa à tout contrôle. Alors que des supra-sorts striaient le ciel, les continents en proie aux flammes s’affaissèrent sous les océans en ébullition. La race équine fut presque anéantie et ses âmes errantes se fondirent dans les radiations dévorant le paysage. Ainsi, alors que le silence et l’obscurité s’abattirent sur le monde, toute vie se vit purgée de sa surface.

Toute ? Non ! L’apocalypse ne fut que le prélude d’un épisode bien plus sanglant de l’histoire équine. Ils furent des milliers à échapper aux premières heures de cet holocauste en s’encloisonnant au sein de gigantesques abris souterrains connus sous le nom d’Etables. Lorsque leurs occupants en émergèrent, la désolation ambiante fut leur unique hôte. Seul l’Etable Deux demeura close car en ce jour maudit où un feu maléfique zébra les cieux, sa massive porte d’acier se referma pour ne plus jamais se rouvrir.

Volume Un, Les Terres Désolées d’Equestria

Prologue, Des PipBucks et Marques de Beauté

Si je dois vous conter l’histoire de ma vie, vous expliquer comment je suis arrivé en ces lieux avec de tel poneys et le pourquoi derrière ce que je vais bientôt faire, il serait peut-être judicieux de commencer par vous expliquer ce que sont les PipBucks[1].

Qu’est-ce qu’un PipBuck ? Il s’agit d’un appareil porté sur la patte avant au-dessus du sabot, fourni à chaque poney de l’Etable dès lors que qu’il a atteint sa maturité. Savant mélange de magie et de science licornéenne, un PipBuck sera en mesure de constamment garder un œil sur votre santé, de vous injecter médicaments et autres remèdes, et de lister et organiser votre selle. Il jouera aussi le rôle d’assistant lors de vos tentatives de réparation et stockera pour vous notes et cartes, accessibles du bout du sabot. Enfin, il vous permettra d’écouter le réseau radio de l’Etable quand bon vous le semble grâce à sa capacité hors-norme à se connecter et décrypter n’importe quelle fréquence radio.

Et ce n’est pas tout, loin de là. Un PipBuck produit un Champ de Projection Visuel où C.P.V. qui vous guidera en vous donnant vos directions et en gaugeant le niveau de dangerosité de vos rencontres. Qu’importe le fait que vous faîtes face à des monstres ou poneys. Et probablement le meilleur pour la fin, un PipBuck peut vous fournir une aide magique en plein combat pour une durée de temps impartie grâce à la Visée Arcanique Stable-Tec[2] où V.A.S.T.

Par ailleurs j’oubliais, il peut garder en mémoire et suivre la localisation des objets et personnes préalablement marquées dans son registre. Parmi ces personnes font notablement partis les autres détenteurs de PipBucks. Ainsi, dans le cadre où quelqu’un se perdrait dans une Etable, quiconque posséderai le nom de l’individu égaré sera à même de le retrouver instantanément. Ne demandez pas comment on peut se perdre dans une Etable mais cela arrive de temps à autres. Le PipBuck peut même servir de lampe.

Plus besoin de le répéter, les PipBucks sont un chef-d’œuvre de la science arcanique licornéenne. En détenir un représente un avantage considérable. Dès lors, il devient quasiment impossible de convaincre quiconque n’a jamais mis un sabot dans l’Etable Deux qu’un tel objet est d’une banalité sans égal pour les poneys qui y vivent. Et c’est la raison pour laquelle j’étais déçu d’en avoir un comme marque de beauté.

Tout le monde possédait un PipBuck dans l’Etable Deux. Qu’advenait-il donc de toutes les choses que j’ai déjà mentionné ? Et bien la plupart des poneys n’utilisait même pas la moitié de ces fonctionnalités. Les habitants s’en servaient uniquement pour se connecter à la radio de l’Etable afin d’écouter la belle, oh magnifique voix de Velvet Remedy[3] dans la soirée, ou les compétitions de chants organisées par l’école pendant la journée. L’Etable possédait aussi deux ligues de football, l’une autorisant l’usage du V.A.S.T. contrairement à l’autre. Hormis cette occasion, la majorité d’entre nous n’accordaient à leur PipBuck presque aucune attention.

C’est la Superviseuse qui confit à chacun d’entre nous son propre PipBuck, le jour de leur intronisation, une fête ayant lieu un à deux jours après l’obtention de sa marque de beauté. Nul besoin de rappeler qu’il s’agit de l’expression de votre talent, inscrit à jamais sur votre flanc et ce à la vue de tous. Dans l’Etable Deux, votre marque de beauté indique ce à quoi vous excellez et donc ce à quoi vous servirez.

Une fois que celle-ci est apparue, la Superviseuse sera à même de vous assigner un travail adapté et une place déterminée au sein de l’Etable. Donc, non… je n’étais pas enchantée le moins du monde de savoir que ce qui me rendait unique était quelque chose que tout le monde possédait. C’était comme me dire que je n’étais pas spéciale du tout. Bien sûr qu’obtenir un PipBuck comme marque de beauté pouvait signifier que j’étais destinée à devenir une technicienne affiliée hors-pair ou quelque chose comme ça. Mais en réalité c’était comme obtenir une marque de beauté d’une marque de beauté.

Le fait que je fus la dernière à obtenir ma marque n’aida pas non plus. Ce n’était pas surprenant à bien y penser. C’est un peu compliqué de trouver ce à quoi vous êtes supposée être bon si vous ne touchez à l’objet en question qu’après avoir découvert ce à quoi vous êtes supposé être bon... J’avais tout essayé, même inventer de nouvelles choses. Etant une licorne, mes capacités magiques innées me permettaient de réaliser des travaux minutieux auxquels les autres poneys ne pouvaient espérer rivaliser. On peut tous tenir une clé dans sa boucher et ouvrir une serrure mais manipuler plusieurs outils au cours d’une opération délicate ? De la télékinésie précise sera nécessaire. C’est comme ça que j’ai décidé d’apprendre à crocheter des serrures avec un tournevis et une épingle à crin. J’étais même devenue particulièrement bonne à ça. Dommage que je n’obtins pas de marque de beauté avec la pratique. Je ne me fis beaucoup d’ennuis par contre.

A ma plus grande honte, j’eus à passer le Test d’Obtention de Marque où T.O.M. dans l’espoir que je trouverais ce qui me rendrait spéciale. Mais non… Mon T.O.M. était médiocrement ordinaire avec quelques notes un tant soit peu supérieures à la moyenne dans quelques matières. En conclusion je pouvais autant être une potentielle technicienne PipBuck qu’une commissaire de l’Etable. Il était à noter que ces deux options étaient encore moins surprenantes qu’elles étaient le plus souvent octroyées à des licornes, plus aptes aux travaux techniques et administratifs. Il y avait tout de même une exception : avoir un talent d’artiste comme Velvet Remedy.

Comme je l’ai déjà dit, notre magie innée nous permettait le genre de manipulation minutieuse qu’un travail technique demande. C’était pour cette raison que les rôles de Superviseuse et son conseil étaient réservés aux licornes. Après tout, c’était bien la magie de la Superviseuse qui alimentait la lumière artificielle utilisée dans la pommeraie souterraine. Malgré le fait que nos pommes n’aient jamais eu la belle teinte rouge des spécimens photographiées dans nos livres, elles nous gardaient en vie.

C’est parce qu’on me fit essayer chaque position présente dans mon T.O.M. que j’eus accès à un PipBuck avant de recevoir le mien. Je n’aurais probablement jamais obtenu de marque de beauté autrement.

Oh ! Je m’appelle LittlePip. Allez savoir. On m’a nommé comme ça parce que j’étais la plus jeune et la plus petite. Même ma mère eut la présence d’esprit de ne pas m’appeler « Pipsqueak »[4]. Ce n’est pas que je ne l’aime pas, mais lorsque la marque de beauté d’une petite ponette est un verre de cidre brut… Qu’importe, c’est toujours drôle de voir ce qu’il advient des noms parfois.

Ravie de faire votre connaissance et voici mon histoire…

Chapitre Un, En Dehors de l’Etable

« Parce que dans l’Etable Deux, aucun n’est jamais entré et aucun n’en est jamais ressorti. »

Du gris à en pleurer.

Les murs de la maintenance étaient tous d’un gris des plus mornes et monotones. Le mur auquel je faisais actuellement face avait tout de même le mérite d’être d’un gris particulièrement propre. Les PipBucks étant connus pour être résistants et fiables, être le Technicien Habilité aux PipBucks signifiaient de longues périodes d’arrêt. Être l’assistante dudit technicien faisait que j’avais à m’occuper de toutes les tâches ingrates pendant que mon supérieur se la coulait douce dans l’arrière-boutique. Le lavage de mur figurait parmi ces tâches.

« Ce mur a besoin d’une fresque. »

L’esprit à la dérive, je m’imaginais la Superviseuse, acquiesçant et intimant Palette de faire de notre atelier l’un de ses chefs d’œuvre vivides et colorés. Palette était la meilleure peintre de l’Etable Deux et, comme tout artiste de renom, cela faisait d’elle un trésor. La vie dans l’Etable Deux dévore votre âme. Vous êtes né dans l’Etable, vous vivez toute votre vie dans l’Etable et vous mourrez aussi dans cette Etable. Une fois votre marque de beauté obtenue, votre vie au sein de l’Etable est pour la plupart déjà écrite. C’est pour cette raison que la Superviseuse insistait pour qu’une nouvelle chanson soit ajoutée sur les ondes chaque semaine, que les espaces publics soient recouverts de fresques inspirantes et motivantes, et que des fêtes soient organisées de manière régulière dans l’atrium… Tout n’était que distraction pour lutter contre la dépression.

Le désespoir de ma situation m’envahit alors que je faisais face à tout ce gris. Ajouter de la couleur aux espaces de maintenance était déjà bien bas dans l’agenda, alors s’occuper de l’atelier des techniciens, l’un des endroits les moins visités relevait de l’impossible. Mes oreilles tombèrent avec le sentiment grandissant que j’allais faire face à ce même mur grisâtre pour le restant de mes jours.

« Oh, ma pauvre. C’est vraiment si horrible que ça ? »

Elle était là devant moi, une magnifique licorne au pelage d’un noir de jet avec une chevelure blanche striée de couleurs. Avec sa voix douce comme la soie et aussi savoureuse que du chocolat, Velvet Remedy se tenait à l’entrée de mes quartiers. Je me sentis toute heureuse d’avoir fini le nettoyage juste avant, mais honteuse aussi que l’apparence de la pièce ne soit pas à la hauteur de sa personne.

Je n’en croyais pas mes yeux. Je l’avais déjà vu sur scène, sur l’estrade nous surplombant lors des soirées les plus mémorables. J’écoutais ses morceaux tout le temps. Je prenais même le temps d’enregistrer chaque nouvelle chanson sur mon PipBuck pour ne pas avoir à attendre pour l’entendre à nouveau. Je peux l’avouer, j’avais le béguin pour elle, et ce depuis des années. C’était aussi le cas pour trois cents autre poneys et ponette au moins. Ma mère avait l’habitude d’en rire.

« LittlePip », elle disait, partageant un petit rire avec ses amis. « La porte de sa grange ne balance pas dans ce sens-là. »

Il m’a fallu plusieurs années pour en saisir le sens, et plusieurs secondes pour capter que Velvet Remedy venait juste de me poser une question.

« Eh, que ? Quoi ? »

Superbe réponse, LittlePip. Très élégante. Je n’avais plus qu’à creuser ma tombe au travers du béton de la maintenance, m’y glisser et le recouvrir de gravats.

Elle me retourna un petit sourire. Un sourire !

« Tu paraissais tellement déprimée quand je suis entrée. Rien que je ne puisse faire ? » elle dit avec sa voix d’or.

Velvet Remedy venait de m’offrir de l’aide !

Comme happée d’un rêve, mes sens me revinrent en un bon. Elle avait une raison pour venir ici. Venir crapahuter ici n’avait pas de sens pour elle si ce n’était pour autre chose qu’une question de PipBuck. Jetant un œil aux alentours, je me rendis compte que j’étais la seule en astreinte. Mon chef était endormie dans son bureau, comme toujours.

« Oh… Non, ce n’est rien », j’ajoutai, essayant de retrouver un tant soit peu d’aplomb. « En quoi puis-je vous aider ? »

Peu convaincu mais compréhensive, Velvet Remedy me tendit sa patte avant autour de laquelle se trouvait son PipBuck. C’était un modèle plus raffiné que le mien. Sur le côté étaient finement gravés ses initiales ainsi que sa marque de beauté, un oiseau chantant en plein vol.

« Je n’aime pas pinailler mais le revêtement interne devient de plus en plus inconfortable. Pourrais-tu le changer ?

– Tout à fait ! »

J’avais déjà attrapé mes clés spéciales avec ma télékinésie. En tant que technicienne affiliée, les poches de mon bleu de travail regorgeaient d’outils de précision en tout genre.

« Ce sera fait en un rien de temps. »

Aussitôt dit, le verrou du PipBuck sauta. Avec un petit rire, Velvet Remedy ouvrit la parole :

« Oh, non. Ce n’est pas un problème. Prends ton temps. Je vais mettre un peu de pommade sur mon sabot dans ma chambre. Je vais prendre mon après-midi. »

J’avais oublié, Velvet Remedy allait chanté demain soir dans le salle de spectacle de l’Etable ! J’allais faire briller son PipBuck, qu’il soit digne de se tenir à son sabot. Si j’y passai la nuit, j’étais sûre que je pouvais le remettre totalement à neuf pour demain quand elle viendra le chercher juste avant son spectacle.

« Pas de problème ! Je l’aurais prêt demain, même heure pétante. Je te le promets, tu ne seras pas déçu ! »

Le petit sourire qu’elle me lança de nouveau allait effacer la morne grisaille de mon esprit pour le reste de la journée.

« Merci », dit-elle en partant.

A peine eussé-je le temps de zieuter sa marque qu’elle était partie.


Parcourant les couloirs le jour suivant en me rendant vers la chambre de Velvet Remedy, je sifflais l’une de ses chansons. A mes côtés flottait son PipBuck, enrobé dans mon champ de magie. Le PipBuck brillait, fraichement rembourré et réparé avec les meilleurs composants que j’avais glanés. J’allais faire une heureuse.

L’amoncellement de poneys au détour d’un couloir me sortit de ma rêverie. Tous se pressaient autour de la porte de Velvet Remedy. J’allais devoir me battre museau et sabots pour passer à travers les paparazzis et les demandeurs d’autographes. Lévitant le PipBuck un peu plus haut, je commençai à me frayer un passage.

« Elle a disparu !

– Comment est-ce possible ? »

Les chuchotements paniqués et complaintes autour de moi crurent en intensité.

« Pourquoi nous abandonnerait-elle ? »

Disparue ? Comment ça disparu ? Puis vinrent les mots qui me glacèrent le sang.

« Je ne savais même pas que la porte de l’Etable pouvait s’ouvrir ! »

Elle était sortie ?!?

« Ne vous inquiétez pas, la Superviseuse cria au-dessus du raffut. J’ai l’identifiant de chaque poney de l’Etable. Je vais me charger personnellement d’envoyer une équipe de sauvetage. Je vous promets que Velvet sera de retour d’ici ce soir. »

Doucement, mon regard se fixa sur le PipBuck flottant au-dessus de moi. Essayant d’échapper à la foule en gardant la tête baisse, l’impression de me noyer dans du ciment frais me prit aux tripes. Lorsque la Superviseuse allait lancer tout le monde à la poursuite de Velvet, son identifiant allait tous les guider vers le PipBuck dans la maintenance…

Mon arrière-train heurta un poney et, surprise, je lâchai prise sur le PipBuck. Celui-ci chuta sur le sol bruyamment. En me retournant, je me retrouvai museau à museau avec la Superviseuse. Elle ne dit pas un mot alors que son regard se verrouilla sur le PipBuck à nos sabots. La marque de beauté de Velvet Remedy et ses initiales étaient plus que visibles.

« Qu’est-ce. Que. Ceci ? »

Parlant lentement, sa voix ne présageait rien de bon. Tous les poneys me fixèrent, me dévorèrent du regard, mais personne ne dit un mot et le silence s’abattit sur moi comme une chape de plomb. La gorge sèche, les mots me manquèrent.

Je pouvais sentir la haine autour de moi, émanant des douzaines d’admirateurs de Velvet Remedy. J’étais celle à blâmer pour la perte de leur idole.

La Superviseuse brisa le silence. Elle ne haussa ni le ton ni ne fit preuve de méchanceté :

« Prends ça avec toi et cours dans tes quartiers. Rapidement. »

Elle n’eut pas à le dire deux fois.


Le soir venu, Je me trouvai allongée dans mon lit, donnant des petits coups dans le PipBuck de Velvet Remedy tout en écoutant la radio à partir du mien. L’annonce de la tragédie du jour se répéta une énième fois.

Je ne pouvais le croire. Elle était partie. Comment avait-elle pu ouvrir la porte ? Elle était fermée, scellée, et seule la Superviseuse savait comment la déverrouiller si la porte pouvait encore s’ouvrir bien sûr. Apparemment elle pouvait d’ailleurs. Mais surtout, pourquoi Velvet Remedy était-elle partie ?


Pourquoi ? On ne savait pas vraiment ce qui se tenait derrière la porte, ni même s’il restait quoi que ce soit derrière celle-ci. Les livres d’histoire supposait que l’extérieur n’était plus qu’un vaste cratère sans vie et irradié. C’était la logique sur laquelle tout le monde s’accordait au moins. Je me souviens tout de même d’une histoire de fantômes que j’avais entendue pendant ma première soirée pyjama. J’en avais fait des cauchemars et l’histoire elle-même continuait de me hanter à ce jour. C’était l’histoire d’un poney qui avait ouvert la porte d’une manière ou d’une autre. Lorsqu’il avait mis un pied au dehors, il se rendit compte qu’il n’y avait pas de dehors en réalité. Il n’y avait rien du tout. Et ce rien avait emporté le poney pour lui dévorer son âme et que lui aussi joigne le néant.

Avec un peu de logique je savais très bien que cette histoire n’avait aucun fondement mais l’idée que je m’en étais faite m’avait impressionnée.

Deux choses dont j’étais tout de même sûre : Velvet m’avait manipulé afin de retirer son PipBuck de sorte que la Superviseuse ne puisse la suivre et que j’étais foutu.

Être la plus petite ponette de mon âge, et la dernière à obtenir ma marque de beauté ne m’a pas facilité la tâche dans le cadre de nouer des amitiés avec mes pairs. Ma mère n’aida pas grandement pour être honnête. Me réveiller en hurlant lors de ma première soirée pyjama non plus. Je m’étais donc habitué à être seule mais je ne n’étais jamais fait d’ennemis jusqu’à présent. Je ne valais pas la peine des autres mais jamais aucun ne m’avais haï jusqu’alors.

Je ne pouvais pas les blâmer non plus même si c’était totalement injuste. En colère et blessés, ils avaient besoin d’une victime. L’annonce de la nouvelle n’avait pas mentionné mon nom, juste « Le PipBuck personnalisé de Velvet Remedy a été retrouvé en possession du technicien affilié ». Mais comme seuls deux poneys partageaient ce titre faire le lien n’était pas si difficile. La scène à l’extérieur de la chambre de Velvet n’y aurait rien changé.

La Superviseuse était en train de parler à la radio :

« Nous ressentons tous cette perte. Mais je tiens à rappeler à chacun d’entre nous qu’il s’agit du choix de Velvet Remedy uniquement. C’est elle a choisi de quitter son domicile. Nous abandonnant, nous sa famille. Elle a trahi ma confiance tout comme elle a trahi la vôtre, et tout comme elle a trahi la confiance du celle qu’elle trompé en enlevant son PipBuck, assurant ainsi que nous ne puissions la trouver. Je comprends que beaucoup d’entre vous sont en colère ou blessés. Je vous exhorte à diriger cette colère là où elle appartient vraiment... »

Malgré toute la reconnaissance que j’avais pour ses mots, cela n’allait en aucun cas changer le ressentiment à mon égard. J’allais y avoir droit pour le restant de mes jours, même si les autres habitants de l’Etable le garderaient pour eux-mêmes. Cela se sentait dans l’air.

Me distrayant avec le PipBuck abandonné par son propriétaire, je m’attardai sur un fichier encrypté. Je l’avais déjà repéré hier et l’avais prise pour ce qui devait probablement être une chanson inachevée. Je ne voulais pas l’ouvrir d’une part par respect pour la vie privée de Velvet Remedy et d’autre pour conserver la surprise. Cela n’avait probablement plus d’importance à ce moment. La chanson n’allait jamais être parachevée.

Ouvrant une poche de mon habit de technicien, j’en extirpai les outils qui allaient me permettre de craquer en toute sécurité et avec aise le cryptage. C’était un fichier audio et je l’ouvris.

"Le code de sécurité afin d’ouvrir la porte de l’Etable Deux est ... CMC3BFF[5]."

Me redressant, surprise par la teneur du message, j’éteignis ma radio et relança le message.

Je ne reconnaissais pas la voix. Il s’agissait d’une femme, un peu mielleuse, et dotée d’un étrange accent n’appartenant à personne au sein de l’Etable. Mais je savais à présent comme Velvet était partie.

J’ai dû rester assis pendant des heures, contemplant les choix à ma disposition. Au final, ma décision fut prise.

J’allais sortir, partir à sa recherche. Et j’allais la ramener.


Je me tenais debout, scrutant la massive porte d’acier qui protégeait l’Etable Deux des horreurs (ou bien du néant !) que se tenaient de l’autre côté. Deux gardes en bloquaient l’accès. Ayant rempli mes sacoche de pommes et de nécessaires de survie, même un gros livre de science des arcanes pour me donner quelque chose à lire, deux gabelles autour de mon cou, j’étais prête à partir. La superviseuse s’était toutefois assurer que personne n’allait retenter l’acte.

Insister et lancer quelques regards n’allaient me mener nulle part. Ma corne luisait mais il tenait leur position, fort peu impressionnés. Ce n’était pas comme ça que j’allais m’approcher de ce panneau de contrôle.

« Eh, ce serait pas toi la pouliche qui aurait laissé notre Velvet s’égarer dehors ? » l’un des gardes m’accusa presque, faisant un pas en avant dans une tentative d’intimidation.

L’autre garde détourna les yeux par dégout. L’était-il à mon égard ou au fait que la Superviseuse avait formellement interdit quiconque de me prendre à part. J’espérai durement que c’était la deuxième raison, considérant ce que j’allai leur faire.

BAM !

La malle en métal suspendue au-dessus d’eux s’abattit sur leurs têtes, leur faisant mordre la poussière. Ah, ces poneys, la lévitation ça leur passe au-dessus de la tête.

Me mettant aux commandes, je composai le code de sécurité lorsque la voix de la Superviseuse hurla au travers des haut-parleurs les plus proches.

« Arrête ! Je t’ordonne de t’arrêter! »

Ouais, c’était pas prêt d’arriver.

« Gardes! Tous les gardes à la porte de l’Etable! Arrêtez cette pouliche! »

Et merde!

Mes sabots s’agrippèrent sur l’interrupteur principal de la porte, priant Celestia pour que le code fonctionne. Puis, tirant de toutes mes forces, j’activai l’interrupteur.

Un ramdam assourdissant secoua la chambre, suivit rapidement par un sifflement mêlant vapeur et grondement. Un bras mécanique s’abaissa du le plafond et s’arrima à la porte. Avec un cri à m’en faire grincer les dents, le bras sorti la porte d’acier de plusieurs tonnes de ses gonds et la fit rouler sur le côte.

Je me surpris par hasard à ressasser l’adage de ma mère : « la porte de l’Etable Deux ne balance pas dans ce sens. »

Cette porte ne devrait même pas se balancer. Malgré que j’eus activé moi-même l’interrupteur, j’étais stupéfaite que la porte s’était effectivement ouverte.

« Tu n’as pas à faire ça… LittlePip, c’est bien ton nom ? »

La voix de la Superviseuse m’arracha de ma stupeur et j’entendis les fracas des sabots de gardes se rapprocher.

Je fis un pas en avant vers la porte.

« Ne vous inquiétez pas. Je vais la ramener. »

« Non, tu ne le feras pas. Une fois dehors, plus jamais tu ne rentreras. »

L’injustice de ses mots me piqua au vif pendant un court instant. La Superviseuse était prête à envoyer une équipe de recherche afin de ramener Velvet Remedy. Mais elle était spéciale et moi… pas du tout.

Une partie de moi voulait faire marche arrière, ramper en sens inverse dans ma chambre, de retour dans ma vie morne mais stable.

Me reprenant, je fis un pas au dehors.


Avec un dernier sifflement et grondement, la porte d'acier de l’Etable Deux se scella à jamais derrière moi.

Je ne savais pas à quoi m’attendre au-delà de la porte. Il était clair par contre que je ne m’attendais pas à un long couloir sombre, puant le bois en décomposition et le caveau. L’Etable était derrière moi, mais je n’étais pas encore dehors. J’étais dans les limbes.

Allumant la lampe de mon PipBuck, les squelettes de poneys morts depuis belle lurette mes prirent au dépourvu, me forçant à faire un pas haletant en arrière. L’exterieur de la porte était défigurée par les griffures et coups laissées par les poneys qui avaient tenté de l’ouvrir, en vain. Leurs sabots étaient fendus, brisés.

Marchant rapidement, je mis sabot dans un couloir donnant sur une ancienne salle dotée d’un escalier, celui-ci menant à une porte dont la serrure était brisée. L’entrée menant à l’Etable Deux avait été savamment dissimulée en tant que simple porte d’un vieux cellier où l’on y entreposait des pommes. Et par dissimulée, j’entendais bien que la personne qui avait construit cette entrée avait réellement construit un cellier pour y entreposer des pommes.

Prenant une profonde inspiration, je trottinai jusqu’en haut des escaliers et ouvrit la porte, et je fis un pas au dehors.


Note de fin: Vous gagnez un niveau.

Nouveau trait de caractère: Cherchez La Pouliche – Vous faites 10% de dégâts supplémentaires contre les individus de même sexe et débloquez des nouvelles options de dialogues unique avec certains poneys.

Chapitre Deux, La Terre Gaste[6] d’Equestria

« Dans quel monde est-ce que tu vis ? Ici c’est la réalité et le sang coule à flot, ma petite pouliche. Le sang coule à flot… »

Le néant !

Mes premières secondes passées à l’extérieure parurent une éternité à en broyer mon cœur, passée dans une terreur à en faire vibrer mes sabots. L’histoire était vraie ! L’extérieur n’était qu’un vide abyssal ! Il m’entourait, me faisait suffoquer. Si je n’avais pas manqué d’air, j’aurais hurler.

Puis mes yeux commencèrent à s’adapter à l’obscurité. Me sentant faible (et pas seulement un peu bête), je revins peu à peu à mes esprits. Pour ma défense, je n’avais expérimenté la nuit auparavant. J’éteignais la lumière bien sur avant de me blottir dans mon lit. Et la pénombre était toute relative, confinée à ma chambre. Une lueur se faufilait toujours sous le pas de ma porte. La lumière des couloirs de l’Etable Deux ne s’éteignaient jamais.

Là, c’était différent. Un vent frai comme jamais je n’avais ressenti dans l’étable me chatouillait ma fourrure et refroidissant la peau en dessous. Le vent portait des odeurs avec lui, humides, pourries, poussières, étrangères. Je pouvais entendre le bruit des insectes nocturnes, les craquements de bois et un écoulement lointain… mais ce qui me frappa le plus fut ce que je ne pouvais pas entendre. Le bourdonnement constant des générateurs électriques de l’Etable et l’incessant crépitement des lumières avaient disparu, si assourdissant en leur absence que j’avais cru l’extérieur silencieux dans un premier temps. Je pouvais sentir la poussière et les cailloux concassés sous mes sabots, si contraire aux corridors lisses et stériles sur lesquels j’avais trottés toute ma vie. Bien que je ne pouvais pas voir très loin, je voyais déjà plus loin qu’à aucun moment de ma vie. Il n’y avait aucun mur pour marquer la fin de la pièce. Un abysse horizontal était offert à mes yeux où que je regarde.

Une peur toute nouvelle commença à faire son nid dans mon esprit. Mes jambes s’affaissèrent et je m’assis, sonnée. Clouant mes yeux au sol et respirant profondément, je le remerciai non seulement pour me garder ancrer mais aussi pour m’offrir un point de repère. Je fis alors l’erreur de regarder vers le ciel et ce vide sans fin me donna le tournis et l’envie de vomir. Des nuages massifs couvraient la plupart du ciel, mais pas totalement. Des trous persistaient au travers desquels une lumière faible s’écoulait. Après les nuages le vide n’avait pas de fin. Un petit grain de folie me persuada un instant que ces nuages formaient un vaste filet, créé afin de m’attraper au vol si par malheur je venais à tomber vers le haut. Mais si j’en venais à passer à travers les mailles, je ne ferais que tomber à tout jamais.


[1] « PipBucks » est un jeu de mot anglais intraduisible faisant référence à la fois au PipBoy, un outil emblématique des jeux vidéo « Fallout », et aux surnoms des poneys de sexe masculin et à leurs fameux coups de sabots. Il est cocasse de noter qu’un « buck » aux Etats-Unis est un synonyme courant pour un billet de un dollar.

[2] « Stable-Tec » ou traduit mot pour mot Etable Technologie est le nom d’une entreprise faisant partie intégrante de l’univers de Fallout: Equestria. Tout comme PipBuck, j’ai fait le choix de ne pas traduire ce nom car il s’agit d’un nom propre. Je ne connais personne qui se vante de posséder un téléphone « Je-Pomme ».

[3] Velvet Remedy, nom d’un des personnages de ce roman pourrait se traduire par Remède de Velours, mais restons-en au nom anglais, don’t you think ?
[4] « Pipsqueak » en anglais signifie « demi-portion », « gringalet » ou « avorton ». L’on doit bien voir ici la comparaison avec le nom de LittlePip qui en anglais signifie « petit pépin » une version plus subtile que la première option dont LittlePip avait si peur de se faire appeler.
[5] CMC3BFF est une référence à « Cutie Mark Crusaders 3 Best Friends Forever », marquant le lienqui unit Scootaloo, Sweetie Belle et Applebloom jusqu’à la fin.
[6] Allez, un petit peu de culture pour vous mesdames et messieurs. T.S. Eliot écrit en 1922 un poème appelé « The Waste Land » qui est une allégorie de la première guerre mondiale et de ses conséquences sur la société contemporaine européenne. Le gars était polyglotte et traduisait parfois son poème (qui contient des passages en allemand, latin, grec ancien et français) en français par « La Terre Vaine » ou « La Terre Gaste ». Gaste étant de l’ancien français pour le terme « désolé » tel qu’employé dans la franchise Fallout.

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